From Libération
(couldn't find an article on the issue on BBC, so read homemade translation under)
"Scouting missions in countries bordering Iraq, design of scenarios by the high command, review of available troops : humanitarians, too, are preparing for war. Operational questions among the specialists of emergency aid are ordinary for this kind of interventions. Except that, in the Iraqi case, these questions are bundled with others, which threatens immediately their independance and their impartiality.
The Pentagon has indeed recently created an Office for Reconstruction and Humanitaria Assistance. Under the direct authority of the high command, and led by a retired general, Jay Garner, this organism explains it wants to ease the work of the NGOs, and not limit [I'm uncomfortable with the word "encadrer", it literally means "putting a frame around them"] them. But this declaration didn't convince the French doctors.
Alarm. Yesterday, several French NGOs have publically expressed their worries. In a common press communication, Action contre la faim (ACF), Médecins du monde (MDM), Handicap international, Première Urgence, Solidarités, and Enfants du monde claim their refusal «to subordonate (their) action to a military authority taking part in the conflict». And they remind that «humanitarian action cannot be deemed as a weapon serving a military agenda».
One point worries these NGOs more than others : the Americans are those who'd allow them to to enter the «safe zones», previously secured by American soldiers. French NGOs reply that «to limit (ou() intervention to safe zones following the troops means a degeneration of humanitarian aid, by forcing it to choose between the victims». They fear more than everything the confusion that could follow.
Early February, a dozen of NGOs were alarmed by the creation of «regional recontruction teams» in Afghanistan, made of American reservists. They warned against the risk of «targeted aid (...) in favor of regions whose authorities are favorable to the US-led coalition».
«We are firmly opposed to what I'd call the Darty [an chain of supermarkets specialized in home appliances] humanitarianism, war's client service», sums Jean-Christophe Rufin, ACF's president. His teams have recently been sent to Kuweit, where the US army already built an operational humanitarian centre. «3-stars, air conditioned bungalows are of no interest to us»
«Pragmatical». Les French doctors want to keep their autonomy on the field. But what will be their leeway ? «The guardians of "no-frontierism" that we are will not give up in front of the first hindrance», explains Alain Boinet, Solidarités' chairman. To put it bluntly, the French want to pass through, with or without the agreement of the Americans. «I hardly imagine the GI's blocking us in front of the cameras», adds an NGO's official.
Médecins sans frontières (which didn't sign the communication) considers, though, it will be difficult to work without the frame dictated by the Pentagon. «We'll be pragmatic», explainsPierre Salignon, responsible for the Iraq programme. «We'll affirm our independance in the heat of action, including by making a special effort to aid populations who'd get forgotten by the Americans.» At Médecins Sans Frontières, people remind too that humanitarian NGOs do not have «the monopoly of aid» : as one of the warring parties, the US army «not only can, but also must aid civilian populations».
Facing the risk of being instrumentalized, others suggest simply not to go. Expats-network, independent network of 2,300 French humanitarian voluntaries, has launched a petition against all aid in Iraq and in the bordering countries. «If the war begins, we'll be the back-up troops of an agression army», warns the network, which claims to have got a hundred of signatures in 10 days. «With our provocative call, we want to trigger reflexion among the NGOs, precises cofounder Hervé Gonsolin. During every crisis, humanitarians rush to the field without thinking. But what is our deontological foundation ?»
«No desertion». In their communication, the «heavyweights» of French humanitarianism sure reject «the necessity» of a military intervention in Iraq «considering the possibilities of a peaceful disarmament». However, Rufin explains «our vocation forbids us to desert». «The lack of French NGOs there would only strengthen the control over humanitarian aid by the American command», adds an ONG's member. Back from a mission in Afghanistan, where he worked by American soldiers, He knows what he's talking about"
(couldn't find an article on the issue on BBC, so read homemade translation under)
Missions exploratoires dans les pays limitrophes de l'Irak, élaboration de scénarios d'intervention par les états-majors, revue des effectifs disponibles : les humanitaires, eux aussi, vivent leur veillée d'armes. Des interrogations, de type opérationnel, assez banales pour ces spécialistes de l'aide d'urgence. Sauf que, dans le cas irakien celles-ci se doublent d'un autre questionnement qui met directement en jeu leur indépendance et leur impartialité.
Le Pentagone a, en effet, récemment annoncé la création d'un Office de la reconstruction et de l'aide humanitaire. Placé sous l'autorité directe de l'état-major et dirigé par un général à la retraite, Jay Garner, cet organisme affirme vouloir faciliter l'intervention des ONG, et non pas les encadrer. Mais cette profession de foi n'a pas convaincu les French doctors.
Alarme. Hier, plusieurs associations françaises ont décidé d'exprimer publiquement leur inquiétude. Dans un communiqué commun, Action contre la faim (ACF), Médecins du monde (MDM), Handicap international, Première Urgence, Solidarités, et Enfants du monde proclament leur refus «de subordonner (leur) action sur le terrain à une autorité militaire qui est partie au conflit». Et de rappeler que «l'action humanitaire ne peut pas être considérée comme une arme au service d'objectifs militaires».
Un point inquiète particulièrement ces ONG : ce sont les Américains qui leur donneraient le feu vert pour pénétrer dans les «zones sécurisées» au préalable par les soldats américains. Les ONG françaises rétorquent que «limiter (notre) intervention aux zones pacifiées dans le sillage des troupes, c'est dénaturer l'aide humanitaire en lui imposant un choix entre les victimes». Elles redoutent plus que tout la confusion qui pourrait alors s'installer dans les esprits.
Début février, une douzaine d'associations s'étaient déjà alarmées de la mise en place, en Afghanistan, d'«équipes de reconstruction régionale» composée de réservistes américains. Elles dénonçaient alors le risque d'un «ciblage de l'aide (...) en faveur des régions dont le pouvoir local est favorable à la coalition menée par les Etats-Unis».
«Nous sommes fermement opposés à ce que j'appellerai l'humanitaire Darty, le service après-vente de la guerre», résume Jean-Christophe Rufin, le président d'ACF. Ses équipes se sont récemment rendues au Koweït, où l'armée américaine a déjà installé un centre humanitaire opérationnel. «Les bungalows trois étoiles climatisés, très peu pour nous.»
«Pragmatiques». Les French doctors entendent donc préserver leur autonomie sur le terrain. Mais de quelle marge de manoeuvre disposeront-ils ? «Les défenseurs du "sans-frontiérisme" que nous sommes ne vont pas baisser les bras devant le premier obstacle», assure Alain Boinet, le directeur de Solidarités. En clair, les Français comptent passer, avec ou sans l'autorisation des Américains. «J'imagine mal les GI's nous bloquer devant les caméras», ajoute un responsable d'ONG.
Médecins sans frontières (qui n'a pas signé le communiqué) estime, de son côté, qu'il sera difficile de travailler en dehors du cadre fixé par le Pentagone. «Nous serons pragmatiques, explique Pierre Salignon, responsable du programme Irak. C'est dans l'action que nous affirmerons notre indépendance, notamment en portant notre effort sur les populations qui seraient négligées par les Américains.» Chez MSF, on souligne aussi que les humanitaires n'ont pas «le monopole de l'assistance» : en tant que partie belligérante, l'armée américaine «a non seulement le droit mais aussi l'obligation d'aider les populations civiles».
Face au risque d'instrumentalisation, d'autres prônent carrément l'abstention. Expats-network, réseau indépendant de quelque 2 300 volontaires humanitaires français (1), fait circuler sur le Net une pétition contre toute assistance en Irak ainsi que dans les pays limitrophes. «Si ce conflit éclate, nous serons appelés à être les supplétifs d'une armée d'agression», s'insurge le réseau, qui affirme avoir recueilli en dix jours une centaine de signatures. «Par notre appel en forme de provocation, nous voulons susciter une réflexion au sein des ONG, précise Hervé Gonsolin, l'un de ses fondateurs. A chaque crise, les humanitaires se précipitent sans se poser de questions. Mais sur quelle base déontologique agissons-nous ?»
«Interdit de déserter». Dans leur communiqué, les «poids lourds» de l'humanitaire français récusent certes «la nécessité» d'une intervention militaire en Irak «compte tenu des possibilités pacifiques de désarmement». Mais, précise Rufin, «notre vocation nous interdit de déserter». «L'absence de volontaires et d'organisations françaises sur le terrain ne ferait que renforcer le contrôle de l'aide apportée aux Irakiens par la coalition proaméricaine», complète un membre d'une ONG. De retour d'une longue mission en Afghanistan, où il a côtoyé de près les soldats américains, il parle en connaissance de cause.
Le Pentagone a, en effet, récemment annoncé la création d'un Office de la reconstruction et de l'aide humanitaire. Placé sous l'autorité directe de l'état-major et dirigé par un général à la retraite, Jay Garner, cet organisme affirme vouloir faciliter l'intervention des ONG, et non pas les encadrer. Mais cette profession de foi n'a pas convaincu les French doctors.
Alarme. Hier, plusieurs associations françaises ont décidé d'exprimer publiquement leur inquiétude. Dans un communiqué commun, Action contre la faim (ACF), Médecins du monde (MDM), Handicap international, Première Urgence, Solidarités, et Enfants du monde proclament leur refus «de subordonner (leur) action sur le terrain à une autorité militaire qui est partie au conflit». Et de rappeler que «l'action humanitaire ne peut pas être considérée comme une arme au service d'objectifs militaires».
Un point inquiète particulièrement ces ONG : ce sont les Américains qui leur donneraient le feu vert pour pénétrer dans les «zones sécurisées» au préalable par les soldats américains. Les ONG françaises rétorquent que «limiter (notre) intervention aux zones pacifiées dans le sillage des troupes, c'est dénaturer l'aide humanitaire en lui imposant un choix entre les victimes». Elles redoutent plus que tout la confusion qui pourrait alors s'installer dans les esprits.
Début février, une douzaine d'associations s'étaient déjà alarmées de la mise en place, en Afghanistan, d'«équipes de reconstruction régionale» composée de réservistes américains. Elles dénonçaient alors le risque d'un «ciblage de l'aide (...) en faveur des régions dont le pouvoir local est favorable à la coalition menée par les Etats-Unis».
«Nous sommes fermement opposés à ce que j'appellerai l'humanitaire Darty, le service après-vente de la guerre», résume Jean-Christophe Rufin, le président d'ACF. Ses équipes se sont récemment rendues au Koweït, où l'armée américaine a déjà installé un centre humanitaire opérationnel. «Les bungalows trois étoiles climatisés, très peu pour nous.»
«Pragmatiques». Les French doctors entendent donc préserver leur autonomie sur le terrain. Mais de quelle marge de manoeuvre disposeront-ils ? «Les défenseurs du "sans-frontiérisme" que nous sommes ne vont pas baisser les bras devant le premier obstacle», assure Alain Boinet, le directeur de Solidarités. En clair, les Français comptent passer, avec ou sans l'autorisation des Américains. «J'imagine mal les GI's nous bloquer devant les caméras», ajoute un responsable d'ONG.
Médecins sans frontières (qui n'a pas signé le communiqué) estime, de son côté, qu'il sera difficile de travailler en dehors du cadre fixé par le Pentagone. «Nous serons pragmatiques, explique Pierre Salignon, responsable du programme Irak. C'est dans l'action que nous affirmerons notre indépendance, notamment en portant notre effort sur les populations qui seraient négligées par les Américains.» Chez MSF, on souligne aussi que les humanitaires n'ont pas «le monopole de l'assistance» : en tant que partie belligérante, l'armée américaine «a non seulement le droit mais aussi l'obligation d'aider les populations civiles».
Face au risque d'instrumentalisation, d'autres prônent carrément l'abstention. Expats-network, réseau indépendant de quelque 2 300 volontaires humanitaires français (1), fait circuler sur le Net une pétition contre toute assistance en Irak ainsi que dans les pays limitrophes. «Si ce conflit éclate, nous serons appelés à être les supplétifs d'une armée d'agression», s'insurge le réseau, qui affirme avoir recueilli en dix jours une centaine de signatures. «Par notre appel en forme de provocation, nous voulons susciter une réflexion au sein des ONG, précise Hervé Gonsolin, l'un de ses fondateurs. A chaque crise, les humanitaires se précipitent sans se poser de questions. Mais sur quelle base déontologique agissons-nous ?»
«Interdit de déserter». Dans leur communiqué, les «poids lourds» de l'humanitaire français récusent certes «la nécessité» d'une intervention militaire en Irak «compte tenu des possibilités pacifiques de désarmement». Mais, précise Rufin, «notre vocation nous interdit de déserter». «L'absence de volontaires et d'organisations françaises sur le terrain ne ferait que renforcer le contrôle de l'aide apportée aux Irakiens par la coalition proaméricaine», complète un membre d'une ONG. De retour d'une longue mission en Afghanistan, où il a côtoyé de près les soldats américains, il parle en connaissance de cause.
The Pentagon has indeed recently created an Office for Reconstruction and Humanitaria Assistance. Under the direct authority of the high command, and led by a retired general, Jay Garner, this organism explains it wants to ease the work of the NGOs, and not limit [I'm uncomfortable with the word "encadrer", it literally means "putting a frame around them"] them. But this declaration didn't convince the French doctors.
Alarm. Yesterday, several French NGOs have publically expressed their worries. In a common press communication, Action contre la faim (ACF), Médecins du monde (MDM), Handicap international, Première Urgence, Solidarités, and Enfants du monde claim their refusal «to subordonate (their) action to a military authority taking part in the conflict». And they remind that «humanitarian action cannot be deemed as a weapon serving a military agenda».
One point worries these NGOs more than others : the Americans are those who'd allow them to to enter the «safe zones», previously secured by American soldiers. French NGOs reply that «to limit (ou() intervention to safe zones following the troops means a degeneration of humanitarian aid, by forcing it to choose between the victims». They fear more than everything the confusion that could follow.
Early February, a dozen of NGOs were alarmed by the creation of «regional recontruction teams» in Afghanistan, made of American reservists. They warned against the risk of «targeted aid (...) in favor of regions whose authorities are favorable to the US-led coalition».
«We are firmly opposed to what I'd call the Darty [an chain of supermarkets specialized in home appliances] humanitarianism, war's client service», sums Jean-Christophe Rufin, ACF's president. His teams have recently been sent to Kuweit, where the US army already built an operational humanitarian centre. «3-stars, air conditioned bungalows are of no interest to us»
«Pragmatical». Les French doctors want to keep their autonomy on the field. But what will be their leeway ? «The guardians of "no-frontierism" that we are will not give up in front of the first hindrance», explains Alain Boinet, Solidarités' chairman. To put it bluntly, the French want to pass through, with or without the agreement of the Americans. «I hardly imagine the GI's blocking us in front of the cameras», adds an NGO's official.
Médecins sans frontières (which didn't sign the communication) considers, though, it will be difficult to work without the frame dictated by the Pentagon. «We'll be pragmatic», explainsPierre Salignon, responsible for the Iraq programme. «We'll affirm our independance in the heat of action, including by making a special effort to aid populations who'd get forgotten by the Americans.» At Médecins Sans Frontières, people remind too that humanitarian NGOs do not have «the monopoly of aid» : as one of the warring parties, the US army «not only can, but also must aid civilian populations».
Facing the risk of being instrumentalized, others suggest simply not to go. Expats-network, independent network of 2,300 French humanitarian voluntaries, has launched a petition against all aid in Iraq and in the bordering countries. «If the war begins, we'll be the back-up troops of an agression army», warns the network, which claims to have got a hundred of signatures in 10 days. «With our provocative call, we want to trigger reflexion among the NGOs, precises cofounder Hervé Gonsolin. During every crisis, humanitarians rush to the field without thinking. But what is our deontological foundation ?»
«No desertion». In their communication, the «heavyweights» of French humanitarianism sure reject «the necessity» of a military intervention in Iraq «considering the possibilities of a peaceful disarmament». However, Rufin explains «our vocation forbids us to desert». «The lack of French NGOs there would only strengthen the control over humanitarian aid by the American command», adds an ONG's member. Back from a mission in Afghanistan, where he worked by American soldiers, He knows what he's talking about"
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